Pour comprendre à quoi sert vraiment le tameshigiri, il faut revenir dans un premier temps sur l’historique : à quoi servait le tameshigiri, le test de la coupe, et dans un deuxième temps comment on l’utilise aujourd’hui et pourquoi.
Les Origines du Tameshigiri
Tameshi giri, si l’on traduit littéralement tameshi, c’est l’âme, l’esprit et Giri la coupe. On est sur cette notion d’une coupe de l’âme, se couper soi-même ; que les occidentaux traduisent peut-être par test de coupe.
le katana et la recherche de perfection
L’esprit, l’âme est celle du sabre, du katana. L’esprit que le forgeron à mis dans cet acier fait qui n’est plus un simple alliage avec une forme qui permet de couper. Un Katana est fabriqué par un forgeron pour un Samouraï, qui est un serviteur.
Tous ceux qui ont tenu dans leurs mains un katana ancien, fabriqué avec amour et soin par plusieurs artisans/artistes (de la fonte au polissage et la fabrication de tout ce qui le compose avec comme art majeur la FORGE), se sont rendus compte que ce n’est pas la même chose que de manipuler une lame moderne, forgé mécaniquement.
Dans un katana il y a autre chose. Nous vous invitons à regarder des vidéos sur la fabrication traditionnelle d’un Katana, du tamahagané jusqu’à la recherche de la perfection dans chaque détail.
L’Évolution du Tameshigiri dans le Monde Moderne
Anciennement, test du sabre
L’équilibre, le poids, la forme de la trempe etc… Avant la livraison au seigneur qui l’avait commandé, pour une personne ou une situation protocolaire précise, il faut tout vérifier. Et si l’on se place à cette période, il faut garder à l’esprit que l’acier coûte très cher. Il n’est donc pas pensable de fournir un objet aussi cher sans en vérifier les moindres détails.
Donc la première coupe était faite sur une cible. On pourrait dire comme un vol de test réalisé par un pilote d’essai. Un vol à vide sans passager, en testant tous les cas de figure.
Le sabreur qui avait la charge de valider la katana était un expert. Il testait uniquement le sabre et non sa propre coupe, son hasuji.
Historiquement, les katanas étaient testés sur le corps des condamnés à mort. On les testait sur plusieurs parties du corps et dans plusieurs directions. Il semble peu probable que ces coupes étaient réalisées devant le seigneur. Personne n’en a de preuve et personnellement j’en doute fortement.
Une fois le sabre validé, il était livré avec respect et honneur à celui qui l’avait commandé. Le forgeron détaillait alors le sabre, sa façon de réagir.
La pratique du Tameshigiri de nos jours
Les temps ont changés. Nous ne sommes pas amenés à être des sortes de pilotes d’essais des forgerons. Nous sommes des pratiquants, des éternels étudiants de budo et de bujustsu.
Sur les réseaux, on voit fleurir des vidéos de coupes, voire même des compétitions de coupe. La plupart du temps, ça coupe dans toutes les directions, sans aucune précision, sans contrôle, tout en force. Presque toujours, cela entraîne un déséquilibre du corps, sans compter les retours d’énergie dans les bras qui peuvent causer des traumas.
Ces pratiquants se trouvent souvent dans des situations risquées pour eux et pour leur entourage. De plus, le sabre peut rester bloqué dans la cible et se mettre en contrainte mécanique, voire se tordre ou se vriller.
Couper tout et n’importe quoi avec une lame ancienne qui a une histoire et une vie, est comme jouer d’un stradivarius si on ne sait pas jouer du violon. On risque de détruire une partie d’histoire.
L’Évaluation et l’Apprentissage
Pour nous au CODAM Iaido, comme à la FEI (Fédération Européen de Iaido), le tameshigiri est un passage. C’est le test du travail du SABREUR. On voit son hasuji après une année de travail, comme il vit avec le sabre, comme il contrôle son énergie et son égo avec le sabre. C’est la coupe de test, la coupe de l’âme. On vérifie si tous les éléments constituant d’un sabreur sont présents et exprimés dans un seul geste.
La première coupe est toujours un grand moment dans la vie d’un sabreur, et souvent l’on garde en mémoire sa première coupe.
Pour des raisons de sécurité et de progression logique, on ne fait jamais couper les jeunes pratiquants. Il doit d’abord nous avoir prouvé que son travail va lui permettre de la réaliser en toute sécurité, pour lui, les autres et le sabre.
Les Détails Importants dans une Coupe
La FEI ,et surtout Malcolm TIKI Shewan ,à codifié ce travail que l’on peut retrouver dans son live (JAPANESE SWORDSMANSHIP).
Que vérifier dans une coupe ?
Dans un premier temps, travailler avec une lame tranchante (un shinken), est très différent. En effet, l’erreur n’ai pas permise. On ne doit pas laisser une seule seconde d’inattention, tant pour le nuki tsuké que pour le noto. Bon nombre de sabreurs se sont coupés comme cela, et pas forcément les moins expérimentés.
La Signification Profonde du Tameshigiri
Le contexte est aussi important. Cela doit se dérouler dans un cadre (espace et temps) dédié pour que tout le monde le monde se prépare à cet évènement.
La natte est prête, le sabreur est face à la cible, le sabre est ôté de la saya, le sabre en Hassō–no-kamae, prêt pour un kesagiri.
L’objectif est de couper, ou plutôt donner une expression de l’énergie qui doit être présente dans notre travail, sans se laisser débordé par son égo. Cette matérialisation passe par le test d’une coupe sur une cible.
Maîtrise de l’Énergie dans le Tameshigiri
Mettre l’énergie juste.
ni trop pour se laisser emporter par la sabre,
ni trop peu pour rester bloqué dans la cible
est le vrai travail qui s’exprime.
L’énergie du corps est transmise au sabre avec son ten no uchi sur la tsuka et s’exprime sur toute la longueur du sabre et plus particulièrement sur le mono uchi voire le kissaki. C’est exprimer la verticalité en l’horizontalité, presque comme un tsuki, que l’on peut imager avec le geste d’un pêcheur à la mouche. Combativement, et je rapporte les paroles de Sensei Sekigushi komei, la coupe la plus efficace est le kesa giri, qui se termine presque comme un tsuki.
Évaluation de sa coupe
La coupe la plus difficile à réaliser est avec un sabre qui ne coupe pas très bien, avec une cible d’une natte peu serrée presque souple et de faire un kesa giri.
Une fois la coupe réalisée par le sabreur, après l’énergie libéré, l’enseignant regarde la natte et montre à l’élève que ça coupe et bien réalisé et ce qui reste à travailler. La coupe de la natte est propre et plane.
En conclusion
Il faut enlever de son esprit les images d’Épinal de Hollywood qui laisseraient à penser que le Samouraï, le serviteur coupait en deux ses ennemis.
De nos jours, ce qu’on recherche, c’est l’évaluation et la progression du pratique en via la recherche de l’harmonie entre la coupe, l’énergie juste et le travail sur soi. Il ne faut pas oublier non plus l’encadrement de cette étape importante dans la progression de chacun avec la recherche de la sécurité maximale des pratiquants.
Cette vision de la coupe est la vision du codam, qui fait grandir les sabreurs. Sir Malcom Tiki Shewan dit qu’il faut se rapprocher d’un enseignant compétant capable de transmettre l’esprit tu IAI.
Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à nous contacter.